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Ils furent foule soudain :  cette nouvelle exposition des agences Myop et Amnesty International 

Ils furent foule soudain :  cette nouvelle exposition des agences Myop et Amnesty International 

Depuis le 11 avril, l’Académie du Climat (Paris IV) propose une exposition éphémère des agences Myop et Amnesty sur le rassemblement des corps et le surgissement politique de la foule. Organisé par Julie Crenn et Émilie Flory, cet événement a pour ambition de “réveiller les consciences” mais n’y parvient pas vraiment. 

“Ils n’étaient que quelques-uns, ils furent foule soudain.” Ces vers de Paul Éluard ouvrent le parcours scénographique, pour témoigner de la puissance des manifestations. Revendiquant une approche politique et engagée, les deux agences prennent peu de risques, les sujets traités se limitant à certaines luttes contemporaines : contre les abus sexuels, les féminicides ou pour les droits LGBT…La plus ancienne photographie de protestation doit remonter à 1973, au moment de la guerre au Vietnam. Elle a été prise aux États-Unis. 

Une scénographie déconstruite 

Rue de Rivoli, quelques photos sont affichées sur la façade avec l’affiche publicitaire de l’exposition indiquant le thème, le tarif et le lieu de l’exposition complète. L’affiche intrigue avec son thème semblant sortir des sentiers battus. 

La première déception pour le visiteur arrive à l’entrée. On s’imagine une belle exposition gratuite de deux agences prestigieuses dans un grand espace au cœur du Marais. Que nenni ! Arrivés à l’adresse indiquée sur l’affiche, on traverse un porche pour ensuite tomber sur un petit jardin où sont affichées les photographies. Sur le cartel de présentation, on peut y lire cette phrase : “ L’Histoire le prouve : de nombreux droits fondamentaux ont été gagnés grâce au droit de manifester. » Outre qu’à la lecture de cette phrase, on s’attend à voir différentes photographies exposées chronologiquement depuis les premières manifestations, les thèmes abordés dans ces clichés sont pour la plupart des luttes sociales qui n’ont à ce jour pas obtenu gain de cause. Est-ce que les violences conjugales se sont arrêtées grâce à quelques protestations ? À ma connaissance non, mais les auteurs insistent sur le fait que ces œuvres nous prouvent que faire corps ensemble amène au gain de cause. 

Les clichés se succèdent de manière éparse, dépourvus d’un chemin de fer linéaire et démontrant une absence cuisante de séries photographiques réalisées par le même auteur. Les dates de ces prises de vues se situent toutes pour la plupart dans les années 2000 et révèlent le vrai message de cette exposition : inciter le visiteur à prendre part à certains combats pour lesquels luttent ces photographes qui exposent. 

Ils furent foule soudain n’atteint pas son but : bien que les photographes aient la volonté de montrer aux visiteurs qu’ils arrivent grâce à ce medium à protester et à faire entendre leurs voix, cette scénographie déstructurée rend la compréhension difficile pour ces derniers. 

Constance du Coudert

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