
Agriculteurs à Paris : le désarroi des jeunes exploitants
Le 7 janvier, les tracteurs du syndicat agricole la Coordination Rurale ont contourné les barrages policiers pour atteindre la place des Invalides, au centre de Paris. Leur objectif est de faire entendre aux hommes politiques leur colère et leur désarroi. Une détresse qui touche en particulier les plus jeunes d’entre eux.
« Je n’ai que 30 ans et, à mon âge, je ne devrais pas avoir ce discours-là », regrette un agriculteur de Saint-Pierre-la-Bruyère dans l’Orne qui ne cache pas sa détresse. Cette année, comme de nombreux céréaliers français, il a dû affronter les mauvaises conditions météorologiques. « Les trésoreries sont tendues », poursuit-il alors qu’il ne gagne même pas un SMIC.
Le sentiment d’abandon des agriculteurs
« Aujourd’hui nous nous sentons délaissés. Nous sommes la dernière roue du carrosse ». Ces mots de l’exploitant céréalier ornais résument le sentiment des agriculteurs français. La signature de l’accord UE-Mercosur, le 6 décembre 2024, par Ursula Von der Leyen n’a fait qu’accroître leur colère et leur inquiétude pour l’avenir.
Après les bonnets rouges, ce sont les bonnets jaunes qui se sont rendus à Paris le 6 janvier en réponse à l’appel de La Coordination rurale pour réclamer aux parlementaires l’alignement sur les règles européennes et le contrôle des produits importés. Ils dénoncent l’hypocrisie de ces mesures et le manque de courage des politiques. Le Premier ministre, François Bayrou, leur a accordé un rendez-vous le 13 janvier. Une date trop tardive selon les initiateurs du mouvement agricole.
Le 6 janvier, aux portes de Paris, ils ont été accueillis par des blindés. La veille, place du Brésil, dans le 17ème arrondissement, Christian Convers, secrétaire général du syndicat, a été interpellé. Quelques agriculteurs ont été verbalisés pour le port du bonnet jaune. « Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes encore en démocratie ; pourtant ces agissements font plutôt penser à une dictature ! », réagissent les présidents départementaux du syndicat dans un communiqué de presse.
« Un pays sans paysan n’a plus d’identité »
Chaque jour, en moyenne, un agriculteur se suicide. Ce malaise du secteur agricole fait fuir les jeunes. Depuis vingt ans, le nombre d’agriculteurs a chuté en France. La main d’œuvre n’est plus suffisante. Pourtant, « un pays sans paysan n’a plus d’identité, ce n’est plus un pays », expliquait sur Cnews Rémi Dumaure, président de la Coordination Rurale du Limousin (CR24).
La pression constante, la lourdeur des normes, le manque d’outils comme les produits phytosanitaires et l’abandon du secteur par les politiques avec la signature du Mercosur rebutent la jeune génération. «Nous connaissons notre métier, nous savons la valeur de la terre et nous savons produire, alors laissez-nous produire, laissez-nous gagner notre vie », réclame le jeune agriculteur ornais.
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