Dernier sacre : les insignes du pouvoir royal

Le Mobilier national à Paris (XIII^e) abrite une exposition sur le dernier sacre de l’histoire de la royauté française, celui de Charles X. Elle réunit des symboles utilisés lors du sacre de 1825.  Trois de ces signes incarnent le pouvoir : la couronne, le sceptre et la main de justice. 

Le 29 mai 1825 a lieu à Reims le dernier sacre d’un monarque français, le roi Charles X (1757-1836), monté sur le trône à la mort de son frère Louis XVIII (1755-1824). Deux siècles plus tard, le Mobilier national commémore cet événement en présentant les témoignages matériels conservés de cette cérémonie. L’exposition invite à suivre les préparatifs du sacre, puis à s’immerger dans les étapes de la cérémonie. Au cours de la visite, l’univers politique et esthétique de la Restauration se dévoile, illustrant l’ambition et les paradoxes d’un régime écartelé entre la nostalgie du passé et la nécessaire prise en compte des acquis de la Révolution et de l’Empire.

Le sacre d’un roi de France est une cérémonie codifiée dont chaque participant incarne un rôle symbolique. Les objets les plus significatifs sont ceux du roi: la couronne, le sceptre et la main de justice. Détruits sous la Révolution, ces objets ont été recréés pour le couronnement de Napoléon Ier en 1804 et sont réutilisés par Charles X. San, 45 ans, est venu découvrir l’exposition en voyant par hasard l’affiche dans la rue. “C’est important de se remémorer l’histoire de la France. Ce que j’ai vu, je l’ai appris quand j’étais gamin donc ce sont des pages de l’histoire que j’ai oubliée. Je suis content de voir qu’on entretient l’histoire de notre pays”, explique-t-il.

Le pouvoir en images 

Au cours de la cérémonie du sacre, le roi est oint de l’huile sacrée tirée de la sainte ampoule. Ce flacon renferme l’huile utilisée pour le baptême du premier roi des Francs, Clovis, en 496. Elle est conservée dans un reliquaire exposé en vitrine au premier étage. Une goutte de cette huile est déposée sur le front de Charles X. Lui est ensuite remis le manteau fleurdelisé, le sceptre, la main de justice et la couronne. 

Le manteau royal est confectionné dès 1814 pour Louis XVIII, en prévision de son sacre. Il est utilisé en 1825 par son frère, Charles X. Son velours violet est semé de 404 fleurs de lys. © Domitille Cortès

Le sceptre est le signe de puissance. Ce simple bâton  représente l’autorité  suprême conférée par Dieu au chef. La main de justice est un symbole d’autorité judiciaire. Le roi peut rendre justice. Il s’agit d’une main droite effectuant un geste de bénédiction, fabriquée dans une défense de narval. La couronne quant à elle représente traditionnellement l’autorité et la légitimité. 

À la faveur des préparatifs du sacre de Louis XVIII, une enquête est menée sur les circonstances de la disparition en 1793 de la sainte ampoule, qui renfermait depuis Clovis le saint chrême utilisé pour l’onction des rois de France. © Domitille Cortès

“Ils ont bien recréé l’atmosphère de la cathédrale, on s’y croirait. Des parties ont été peintes par des artistes qui ont essayé de refaire le décor. L’ancien et le nouveau y sont donc réunis et on ne remarque presque pas les restaurations”, admire Ludovic, 55 ans, venu visiter avec sa fille et sa femme. De son côté, Chateaubriand présent au sacre, juge avec sévérité la cérémonie : “J’aurais compris le sacre tout autrement. L’église nue, le roi à cheval, deux livres ouverts, la Charte et l’Évangile, la religion rattachée à la liberté. Au lieu de cela, nous avons eu des tréteaux et une parade.”