
Se jeter à l’eau : la baignade dans la Seine, entre expérimentation et rigueur
REPORTAGE – C’était une promesse vieille de plusieurs décennies : se baigner dans la Seine. Du 5 juillet au 31 août, c’est enfin possible grâce à trois sites pilotes, dont un aménagé quai de Grenelle. Entre mesures sanitaires strictes, équipement sommaire et encadrement renforcé, plongée sur cette berge du fleuve parisien, qui se transforme cet été en bassin public expérimental.
À 10 heures ce matin-là, le quai de Grenelle n’a rien d’une plage bondée. À l’ombre de la Tour Eiffel, quelques curieux patientent derrière les barrières pour tester cette nouvelle zone de baignade de 60×20 mètres, ouverte en semaine de 10h à 17h30. Après des années de travaux et une volonté politique forte, la Ville de Paris met enfin ce site à disposition depuis le 5 juillet, afin de proposer à tous de nager dans la Seine en toute sécurité. Aujourd’hui, l’eau est mesurée à 24°. La température idéale pour se baigner mi-juillet, au commencement d’une nouvelle journée de forte chaleur. Un panneau d’information résume les règles en vigueur : bouée obligatoire, interdiction de plonger, pas de baignade sans surveillance.
Un aménagement encore sommaire mais encadré
À l’intérieur du point de baignade, accessible gratuitement, tout est encore en rodage, mais pensé pour offrir une expérience confortable aux Parisiens en quête de rafraîchissement. Entièrement constitué de caillebotis, il fait presque oublier que l’on se trouve sur les quais de Seine. Trois petites cabines sont installées pour se changer. Parfait en ce début de matinée assez calme, mais sûrement léger en cas de forte affluence. Juste à côté, des sanitaires. Un poste de secours est également positionné à proximité, flanqué d’un distributeur gratuit de crème solaire. Et enfin, une rangée de pommeaux de douche… qui ne fonctionnent pas encore : “ On attend une pièce pour le raccordement, ça ne devrait pas tarder ”, précise un membre du personnel technique aux visiteurs s’acharnant sans succès sur les boutons des robinets. Ces derniers sont donc redirigés vers deux cabines en plastique provisoires, à l’écart du reste du site. L’eau y est froide, on n’y trouve pas de savon, mais cette fois le pommeau fonctionne.
L’espace de baignade, balisé par une corde parsemée de bouées, ne laisse aucune place à l’improvisation. Interdiction de plonger, port obligatoire d’une bouée de sauvetage à tous les âges. Autour de la zone, plusieurs agents de sécurité et maîtres nageurs font bonne garde, prêts à intervenir en cas de danger ou à reprendre un baigneur s’aventurant dans l’eau sans sa bouée. L’un d’entre eux est même positionné au centre du bassin grâce à une plateforme flottante, toujours en caillebotis. S’y trouve également une petite embarcation, au cas où une intervention s’imposerait aux confins de la zone : “On est en vigilance constante. Le courant est faible ici, mais on reste dans un fleuve. L’absence de zone où l’on a pied impose d’être attentif à chaque mouvement”, résument deux surveillants. En effet, impossible de marcher dans l’eau, la profondeur étant trop importante dès les premiers mètres. Quelle profondeur d’ailleurs ? Difficile à dire, le test étant impraticable en raison du compagnonnage de la bouée. Et de toute façon, un Vélib ou une trottinette aurait des chances de barrer la descente avant d’atteindre le sol.
Une eau contrôlée au jour le jour
À ce sujet, la qualité de l’eau fait cependant l’objet d’un suivi quotidien par les services municipaux. La baignade n’est autorisée qu’en cas de résultats conformes aux normes européennes : “Si un seuil est dépassé, le site reste fermé”, assure un agent d’accueil. Chaque matin, des tests sont donc effectués pour décider de l’ouverture ou non du bassin. En cas d’intempéries, ce dernier est le plus souvent fermé. Un cas de figure somme toute assez récurrent à Paris.
Mais aujourd’hui tout est au beau fixe, et un grand drapeau vert flotte au-dessus du site. À première vue, l’eau semble propre, bien que probablement personne n’ira boire la tasse pour s’en assurer : “On ne savait pas trop à quoi s’attendre, et franchement on est agréablement surprises. Il y a encore un ou deux ans, je n’aurais jamais imaginé pouvoir me baigner ici dans ces conditions”, témoigne Jeanne, jeune étudiante venue avec deux amies. “C’est calme, il n’y a pas trop de monde donc on passe vraiment un bon moment. Ça change des piscines bondées”, ajoute l’une d’entre elles. En effet, à peine quelques dizaines de personnes sont présentes sur place une heure après l’ouverture. Une affluence bien éloignée des 200 personnes que peut accueillir au maximum le site. Chiffre qui paraît par ailleurs assez conséquent par rapport à l’espace de baignade, dont la taille reste assez réduite.
Alors que les températures s’annoncent élevées dans les jours à venir, le site devrait en conséquence connaître un afflux plus important prochainement : “On est prêts, on a même sorti les débardeurs et les tongs”, sourit un employé municipal. Le ton est léger, mais la mission, elle, reste sérieuse : montrer qu’à Paris aussi, on peut nager en tout confort et en toute sécurité.
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